L'objectif de cette étude était de déterminer si l'utilisation de mupirocine, intégrée dans une stratégie globale de contrôle de Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) en service de réanimation, a une influence sur le risque infectieux lié à SARM. Méthodes. Une étude rétrospective a été réalisée pendant 4 ans dans le service de réanimation médicale du centre hospitalier universitaire de Besançon. Ce service admet environ 400 patients par an pour une moyenne annuelle de 5000 patient-jours. L'étude a été séparée en deux périodes de 2 ans avec (P1) et sans (P2) utilisation de mupirocine dans l'éradication du portage nasal de SARM. L'efficacité de cette mesure a été évaluée par observation du risque infectieux lié à SARM. Résultats. Quinze patients ont présenté un prélèvement à visée diagnostique positif à SARM au cours de P1 versus 23 pour P2 (p>,05). Cependant le nombre de colonisations/infections endogènes liées à SARM était significativement augmenté au cours de P2 (14 vs 3, p=0,016). De plus, le nombre d'infections invasives (bactériémies + pneumonies) était également plus élevé (9 vs 1, p=0,02). Conclusion. Nos résultats suggèrent que la décontamination nasale par mupirocine, dans le cadre d'une stratégie globale de maîtrise de SARM, est efficace pour réduire les infections endogènes liées à SARM dans un service de réanimation où la situation de SARM est plutôt bien contrôlée. Une telle mesure ne peut être généralisée à l'ensemble des services sans une évaluation précise et au cas par cas de son efficacité et de son impact éventuel en terme d'émergence de la résistance à la mupirocine.