Les antibiotiques sont les médicaments les plus utilisés dans les hôpitaux français, et sont prescrits dans un tiers des cas pour réaliser une antibioprophylaxie en chirurgie. Bien que les principes de l’antibioprophylaxie aient été largement précisés au cours des années passées, un mauvais usage des antibiotiques dans cette indication est encore très répandu. Le but de cette enquête était de déterminer si la prescription de l’antibioprophylaxie par les anesthésistes français est en accord avec les Recommandations françaises sur l’antibioprophylaxie en chirurgie. L’enquête concerne les médicaments recommandés, l’horaire de la première injection et la durée de la prescription. Un échantillon de 1473 anesthésistes français a été étudié. Dans la grande majorité des cas (93 %), la première injection d’antibiotiques est faite à l’induction anesthésique comme cela est conseillé dans les Recommandations. Les céphalosporines de 1re et de 2e génération sont fréquemment choisies, de même que l’Augmentin®. En contradiction avec les Recommandations, les céphalosporines de 3e génération sont largement prescrites en chirurgie digestive et urologique et les quinolones en urologie et en ophtalmologie. La durée de la prescription est limitée à 48 heures par la plupart des anesthésistes (94 %). Cependant il y a une tendance forte à prescrire une antibioprophylaxie de plus longue durée chez les malades immunodéprimés et pour la chirurgie lourde. Cette enquête montre des disparités entre les Recommandations françaises sur l’antibioprophylaxie en chirurgie et la pratique courante des anesthésistes. Ceci concerne surtout l’utilisation des céphalosporines récentes et des fluoroquinolones, et la prescription pour des périodes supérieures à 48 heures. En conclusion, l’accord avec les principes de l’antibioprophylaxie pourrait étre plus strictement respecté pour les malades de chirurgie.