Les objectifs de cette étude étaient d’établir la fréquence d’acquisition de Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SAMR) dans un centre de long séjour de 250 lits et de discuter de la place du dépistage des porteurs de SAMR, du mode d’isolement à mettre en place et de l’efficacité de la chimiodécontamination. Les résultats d’une enquête de prévalence de portage de SAMR confrontés aux données de dépistage à l’admission a permis de mesurer le risque d’acquisition selon les caractéristiques des patients en terme d’autonomie et les caractéristiques des « circuits » hospitaliers de ceux-ci. L’enquête de prévalence menée sur un mois a montré un taux de portage de SAMR de 15,2 %. À leur arrivée dans l’établissement, 23,3 % des patients étaient positifs. Parmi les patients exempts de portage à l’admission et n’ayant fait l’objet d’aucun transfert, 14 % sont devenus positifs, tous parmi les patients ayant perdu toute autonomie. La chimiodécontamination évaluée chez 25 patients a été efficace chez 22 (88 %). Dans les services et/ou établissements de long séjour, la fréquence de la transmission croisée ne peut pas être identifiée par les seuls prélèvements à visée diagnostique. L’acquisition de SARM concernait exclusivement les patients totalement dépendants. Aussi, l’isolement géographique strict qui s’oppose à la « resocialisation » est sans doute inutile, l’isolement technique lors des soins restant indispensable. La chimiodécontamination apparaît fréquemment efficace et peut permettre la levée de l’isolement technique. Face à l’augmentation de la morbidité liée à SARM et à l’évolution de ces souches vers la résistance aux glycopeptides, la mise en place d’une stratégie incluant dépistage, isolement technique et chimiodécontamination dans les services et établissements de long séjour apparaît comme une urgente nécessité.