Les services d’hématologie accueillent des patients immunodéprimés, dont l’environnement et l’alimentation sont contrôlés. Ils consomment de l’eau en bouteille, aux normes européennes pour la population générale. Nous étudions ici la microbiologie de ces eaux pour évaluer le risque infectieux chez les patients immunodéprimés. 144 bouteilles de marques françaises ont été analysées, eaux plates et gazeuses, durant deux périodes. Après filtration de 250 ml d’eau, les membranes étaient déposées sur milieux Cétrimide, MacConkey et plate count agar (PCA), puis incubées 72 h à 30 °C. Un dénombrement bactérien était réalisé. Tous les morphotypes étaient identifiés par spectrométrie de masse. La sensibilité aux antibiotiques des bactéries opportunistes était également testée. La flore mésophile totale variait entre 0 et 104 UFC/100 ml, selon les périodes, les lots et les marques. Trois bactéries pathogènes opportunistes ont été identifiées dans 13,2 % des eaux : Pseudomonas aeruginosa, Stenotrophomonas maltophilia et Citrobacter freundii. Leur taux maximal était respectivement de 3,20 et 76 UFC/100 ml. Ces bactéries présentaient un phénotype de résistance sauvage. Deux marques présentaient un faible inoculum et l’absence de bactéries pathogènes opportunistes. La présence de ces dernières dans les eaux en bouteille suggère un risque d’infection chez des patients immunodéprimés et incite à réaliser des contrôles microbiologiques périodiques pour leur proposer l’eau la moins contaminée.
Baranovsky S, Hicheri Y, Licznar-Fajardo P, Jumas-Bilak E, Romano-Bertrand S. Les eaux en bouteille exposent-elles les patients immunodéprimés à un risque infectieux ?