L’usage des antiseptiques majeurs qui est une des mesures essentielles de la prévention des infections associées aux actes invasifs est confronté à la diminution de sensibilité ou à une résistance bactérienne à ces produits. Les trois mécanismes principaux de résistance microbienne aux antiseptiques sont de type « barrière », de type « efflux » et la présence de biofilms. Il est actuellement établi que des mécanismes de résistance sont communs à certains antibiotiques et antiseptiques, les gènes de résistance étant portés sur les mêmes éléments génétiques mobiles. Ceci fait craindre qu’une utilisation non maîtrisée des antiseptiques participe à la sélection de germes résistants à la fois aux antiseptiques et à certains antibiotiques. S’il n’existe pas encore de données probantes montrant un échec de la phase d’antisepsie en lien avec ces mécanismes, de nombreuses études ont décrit des cas cliniques de colonisation ou d’infection, particulièrement en réanimation, impliquant notamment la chlorhexidine utilisée dans des stratégies de décolonisation. Seul un usage rationnel permettra de préserver l’action des antiseptiques et de limiter le risque potentiel de sélection de souches microbiennes résistantes à l’ensemble des biocides.
van der Mee-Marquet N, Hajjar J. Résistance microbienne et antiseptiques : quelles conséquences, aujourd’hui et demain ?